WOMEN ON THE ROAD FOR AFGHANISTAN

FEMMES EN MARCHE POUR L'AFGHANISTAN

 

FEMMES EN MARCHE POUR L’AFGHANISTAN

A l’initiative de l’Association NEGAR, Shoukria Haidar et Patricia Lalonde

Constance Borde, Women's Caucus

Ellie Schaffer, Comité Kosovo

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A la rencontre des femmes afghanes, des fleurs et des larmes …… par Patricia Lalonde et Elizabeth Cazaux

 

 

Nous étions 45 femmes habitant en Occident, dont quelques afghanes réfugiées en France ou aux Etats-Unis à partir de Paris via Moscou vers Douchanbé, Tadjikistan pour soutenir nos sœurs afghanes dans l’élaboration de la charte des droits essentiels de la femme afghane.

 

L’arrivée à Douchanbé au soir du lundi 26 juin fut un choc émotionnel intense pour nous toutes. Plusieurs dizaines d’afghanes réfugiées à Douchanbé ainsi que leurs enfants habillés en costume traditionnel nous accueillaient avec des fleurs et des larmes. Mahila, Nasreen, Chekeba, Maliha, afghanes réfugiées en Occident, complètement submergées par l’émotion de retrouver leurs sœurs, se retrouvaient subitement replongées dans leur langue maternelle et leur civilisation. Et nous, femmes occidentales, retrouvions le plaisir de partager des larmes de fraternité et de pouvoir manifester sans fausse pudeur nos sentiments.

 

La plupart de ces femmes qui nous accueillirent et qui allaient nous accompagner pendant ces quelques jours ne portaient aucun tchadri ou quelconque autre marque visible d’un islam étouffant et sinistre. Quelques-unes portaient le traditionnel voile de soie blanche, et beaucoup allaient tête nue….. Nous étions loin du cliché sinistre de la femme afghane vivant à Kaboul et de son cortège de misères. Les fillettes avaient revêtu leurs habits traditionnels aux couleurs éclatantes, rouge, vert, bleu, chamarrés et dorés, et ce qui aurait dû être un moment d’observation mutuelle se transforma rapidement en une joyeuse pagaille organisée à l’afghane !

 

Après avoir péniblement retrouvé nos valises et un minimum de retenue, nous avons enfin pu gagner l’hôtel où nous allions nous régaler d’un repas traditionnel afghan, dont l’excellence ravit le palais des gourmandes françaises !

 

Mardi 27 juin

Compte-rendu 1ère journée de conférence

 

Après avoir beaucoup papoté et peu dormi, nous nous sommes retrouvées, environ 200 femmes afghanes et 45 occidentales,  pour débuter nos travaux dans la salle de conférence de l’hôtel Avesto. Après que M. Abdul Rashid Aryanfar, attaché de l’ambassade de l’Etat Islamique d’Afghanistan nous ait souhaité la bienvenue, la conférence fut ouverte par les discours de Shoukria Haidar, présidente de NEGAR à l’initiative de cette marche, Chekeba Hachemi, Patricia Lalonde et Constance Bordes qui expliquèrent à l’assemblée le but de cette réunion : établir une charte des droits essentiels de la femme afghane et obliger les gouvernements présents et à venir en Afghanistan, à la ratifier et à la respecter.

 

Les Afghanes présentes, professeurs, médecins, infirmières, dentistes, ingénieurs, directrices de collège et d’écoles , vinrent à la tribune exposer les problèmes actuels et affirmer leur désir de faire changer les choses, et de faire entendre la voix de toutes les afghanes, au-delà des clivages ethniques ou politiques.

 

Après avoir entendu des témoignages émouvants, et perçu la volonté et la dignité de toutes ces femmes, l’intervention de Khalida Messaoudi, députée algérienne, résistante contre la terreur des islamistes dans son pays, fut un des moments forts de cette journée.

 

Khalida évoqua la sororité des femmes algériennes avec les femmes afghanes. « Je vous sens et je vous ressens » . Elle expliqua qu’en terrorisant les femmes, les islamistes veulent terroriser la société pour instaurer un régime construit sur la négation des droits des femmes, et par conséquent sur la négation de la liberté.

 

Rappelant que 10 000 Algériens islamistes avaient été formés en Afghanistan, elle donna la liste effroyable des victimes de la barbarie islamiste : 12 698 femmes assassinées, 1038 enfants tués, 35 000 veuves, et 3 000 femmes qui ont survécu à des viols, plus de 500 000 enfants orphelins, 850 écoles ou universités détruites, 20 milliards de dollars de destruction.

 

« Contre cet acharnement barbare contre les femmes, je suis heureuse de vous dire que les femmes et le peuple algériens ont résisté… Je suis ici pour vous dire que seuls la résistance et le combat payent, nous n’avons pas d’autre solution. Je suis ici aujourd’hui, parce que nous appartenons à la même culture musulmane. Ceci n’est pas un problème d’Islam, mais un problème de profits pour des pays démocratiques qui ne veulent pas que des pays comme l’Algérie ou l’Afghanistan profitent de leurs ressources.

 

La cause est dans les intérêts internationaux et politiques : il y a des régimes musulmans, tels que l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe, qui sont les alliés des puissances occidentales. Ils veulent empêcher l’avènement de la démocratie dans d’autres pays musulmans.

 

La liberté n’a pas de prix ! Je sais que les hommes et les femmes libres afghans apporteront la preuve qu’ils peuvent apporter la démocratie pour leur pays.

 

Je crois en la solidarité, parce que j’ai appris que l’antidote contre la mort, c’est la solidarité et je suis heureuse d’être avec des femmes françaises et américaines pour dire à l’Occident :

Tu es responsable de ce qui arrive en Afghanistan, et donc, tu es responsable de trouver la solution ».

 

Hassina Sherjan Samad, journaliste aux Etats-Unis, rappela que le problème des femmes afghanes était un problème politique. « Il faut que les femmes afghanes s’occupent de la politique intérieure et extérieure. On peut travailler ensemble. Nous avons besoin de nous aider. A l’extérieur, nous pouvons transmettre vos paroles . »

 

Mme Bakshi, professeur au Tadjikistan, rappela qu’être réfugiée n’était pas un acte volontaire, c’est un acte obligé. «  La situation de la population afghane empire à l’ heure actuelle. Il y a de plus en plus de réfugiés. Les réfugiées afghanes au Tadjikistan profitent du système éducatif du pays, et ont reçu l’autorisation du gouvernement tadjik d’ouvrir des écoles en langue persane. Les jeunes réfugiées font leur scolarité dans leur langue originelle : le persan.

 

L’Afghanistan est devenu le centre d’entrainement des terroristes du monde entier. Les portes des écoles sont fermées aux filles en Afghanistan et ne sont guère plus ouvertes pour les garçons. Tout ceci se fait au nom de l’Islam, toutes ces exactions se font au nom de l’Islam. L’ONU et toutes les organisations humanitaires sont dans un silence absolu. Dans ces organisations, il y a peut-être des états démocratiques qui veulent cet état de chaos.

 

Tout le monde sait très bien que le Pakistan s’ingère dans cette situation et personne ne fait rien pour l’arrêter. Au nom des groupes de femmes afghanes, il est temps de cesser de parler dans le vide, et que les actes se substituent aux paroles »

 

Mme Saysona, directrice du Lycée Samaniyan , explique que les Talibans avec leur loi ont transformé l’Afghanistan et mettent en danger la culture du pays mais également la sécurité du monde entier avec la production massive de drogue. « Les Talibans se préparent pour l’expansion dans les pays voisins. L’ouverture des madrassas est un grand danger pour les pays voisins. Contre la collusion de ces bandits, il faut la collaboration des forces démocratiques du monde entier. 

 

La guerre a effacé la mémoire de nos ancêtres. Les femmes qui subissent cette guerre ont la responsabilité de trouver le moyen de lutter, sinon elles aident leur ennemi »

 

Mme Hamida, professeur du Lycée Esteqlal de Dushanbe

« Nous sommes les égales des hommes et nous nous battons à leur côté depuis toujours. C’est un appel à toutes les femmes afghanes de l’extérieur pour qu’elles continuent à se battre et à communiquer avec celles qui sont restées à l’intérieur. Nous ne nous laisserons pas faire, et nous continuerons à construire des lycées pour nos filles pour qu’elles puissent se défendre. Au risque de nos vies, nous continuerons à instruire nos enfants.


Notre résistance est la clé du succès futur et c’est notre mot d’ordre.

 

Nous demandons à l’ONU de faire son travail et de nous donner la parole.

 

M. Aryanfar, Attaché d’ambassade de l’Etat Islamique d’Afghanistan exprime sa reconnaissance extrême à l’Assemblée des femmes, et redit que les combats se font au nom des intérêts extérieurs. « Des personnes pensent qu’il n’y a pas de différence entre les Talibans et la Résistance »

 

M. Aryanfar était responsable de la radio et de la télévision à Kaboul entre 1992 et 1996. En 1992, 400 femmes travaillaient à la radio de Kaboul et en 1996, il y avait 650 femmes à Radio Kaboul. Il y avait des femmes journalistes, et quand les Talibans sont arrivés, ils ont demandé au gouvernement de l’Etat Islamique de supprimer le rôle de la femme.  Il n’y a pas eu de négociation possible sur ce sujet.

 

Il y avait alors 70 % de femmes parmi le personnel enseignant des universités de Kaboul.

 

M. Aryanfar, raconte avoir reçu personnellement le message du Président Rabbani et du Commandant Massoud pour empêcher l’éviction des femmes à la télévision et à la radio.

 

Le principal souci du gouvernement est d’instaurer la démocratie en Afghanistan. Ils se battent pour les droits de l’homme et des femmes, et pour la dignité de leur culture. Il rappelle que Mahomet a montré à tous les musulmans qu’il prenait des conseils auprès de sa femme et de sa fille, et que c’était un message à tous les musulmans.

 

 

Se succédèrent à la tribune toutes les personnalités présentes venues apporter leur soutien aux femmes afghanes. Toutes les femmes occidentales présentes furent frappées par la franchise et la détermination des femmes afghanes à ne pas se laisser opprimer par une loi barbare qui ne correspond en rien à leur tradition culturelle.

 

Nasreen Gross, écrivain, afghane exilée depuis 25 ans aux Etats-Unis, a écrit un livre sur les diplômées du Lycée pour jeunes filles Malalaï de Kaboul, et nous raconta que la volonté de tous les Afghans a toujours été de faire éduquer sa jeunesse et de participer à l’évolution du monde.

 

Annie Sugier, présidente de « Sydney Atlanta Plus » prit la parole pour expliquer combien elle se battait pour qu’il y ait une « délégation afghane » aux prochains jeux olympiques de Sydney. Elle a réussi et deux femmes afghanes seront présentes. C’est un grand succès.

 

Entre les discours, les nombreuses caméras venues de la BBC, CNN et autres télévisions du Tadjikistan, d’Ouzbékistan, interviewaient les participantes dans le hall de l’hôtel.

 

Dans la soirée, Sophie Marsaudon envoyait son papier pour RFI, se débattant pour obtenir le satellite. Khalida Messaoudi et elle se sont fait « virer » trois fois par la police, omniprésente autour de l’hôtel. L’interview en direct a fini par avoir lieu.

 

 

 

Mercredi 27 juin 2000

Elaboration de la charte des droits essentiels de la femme afghane

Déclaration de soutien des associations occidentales

 

 

Tandis que les femmes afghanes s’enfermaient dans une pièce pour réfléchir et rédiger leur charte, les occidentales s’isolaient également pour définir les termes de la déclaration de soutien que nous décidâmes d’appeler Appel de Douchanbé.

 

Nous nous sommes promis de porter la voix des Afghanes à travers le monde, et malgré les pressions exercées par le gouvernement français par l’intermédiaire de son attaché d’ambassade à Islamabad pour empêcher la tenue de cette conférence, nous avons pris l’engagement solennel de faire signer cet appel à toutes les personnes souhaitant aider les femmes afghanes.

 

Alors que s’achevait la rédaction  de l’appel de Douchanbé, nous entendîmes les échos de la voix de Mahila, afghane réfugiée en Bretagne : elle annonçait  la proclamation de la charte des droits essentiels de la femme afghane, et chantait son bonheur d’avoir réussi à transcender les différences ethniques et culturelles, afin que cette charte voit le jour dans un climat de paix et de sérénité totales, qui apportait un démenti flagrant à tous ceux qui pensent qu’il est impossible de réunir plus de deux afghans sans que surgisse un conflit.

 

Précisément, dans cette salle de conférence de l’hôtel Avesto, plus de deux cents femmes afghanes avaient réussi à se mettre d’accord sur un texte complet, dans un calme parfait, pour le bienfait de toutes leurs sœurs afghanes et de leur pays.

 

Après un repas pris ensemble, l’après-midi fut consacré à la lecture et à la proclamation des textes, devant la presse. Nasreen Gros eut l’honneur de lire la charte des droits essentiels de la femme afghane à la presse.

 

 Les organisations féministes de l’Occident, par la voix de leurs représentantes sur place, s’engagèrent à soutenir cette charte et firent part à l’assemblée de leur détermination à poursuivre le combat au côté de leurs sœurs afghanes.

 

La journée fut conclue par un dîner, avec musique et chansons. Le manque de climatisation aidant, nous sommes rentrées nous coucher remplies d’une euphorie totale et d’une fatigue extrême : nous avions réussi à mener à bien nos objectifs : afghanes, françaises, américaines, algériennes , nous avons toutes eu le fort sentiment d’avoir accompli un pas de géant pour l’avenir des femmes musulmanes, des femmes afghanes, et par conséquent pour l’Afghanistan.

 

 

Une journée d’action,  par  Patricia Lalonde

Organisatrice et membre de NEGAR

 

28  JUIN /Matin

 

Pendant que les femmes Afghanes rédigeaient la charte, nous sommes parties, Hacina, Maliha, Chekeba et moi-même, à l’ambassade d’Afghanistan au Tadjikistan afin de négocier un hélicoptère qui nous emmènerait chez le commandant Massoud afin qu’il reçoive notre délégation. L’excellent représentant du Gouvernement Afghan, Abdul Raschid Aryanfar, faisait tout son possible. Les aéroports étaient fermés du 1er au 7 juillet à cause du sommet « Poutine - Jang Zemin, plus Tadjikistan, Kazakhstan, Kirghizstan (Ouzbékistan en observateur).

 

Il fallait obtenir des autorisations pour atterrir ailleurs au Tadjikistan. La bonne nouvelle arrive enfin !  L’hélicoptère sera là à 8 h jeudi 29 mais ne peut emmener que 9 personnes, ce qui fût terrible pour celles qui n’ont pu faire partir du voyage. La presse et les femmes afghanes, revenues pour voir leur pays, ont été évidemment prioritaires.

 

Nous étions rassurées. Le Commandant Massoud allait nous recevoir, lire la charte des femmes Afghanes, faire ses commentaires et peut-être même la signer.

 

Autre signe de l’intérêt du  Commandant Massoud pour notre action : nous avons demandé à rencontrer son épouse. Là aussi, il a fallu téléphoner à « la vallée ». Attendre la réponse du commandant qui fût positive. Mesurant le côté exceptionnel de cette rencontre, nous avons pu rencontrer, Madiha, Chekeba, Hassina Elizabeth et moî-même, une femme musulmane moderne, belle, rayonnante, malgré le drame qu’elle vit, ayant une admiration sans borne pour son mari, et de grands projets pour son avenir  et celui de  ses 6 enfants.

 

Après une heure de visite, où nous avons été reçus chaleureusement, buvant le thé et nous faisant des confidences, tout cela facilité par le travail de traduction remarquable de Chékéba, nous sommes toutes sorties de chez Sedeka Massoud avec l’impression qu’elle était le meilleur atout du Commandant.

 

 

 

 

 

 

 

 

JEUDI 29 JUIN 2000

 

Visite des collèges et lycées Samaniyan et Aryana

Par Elizabeth Cazaux, Collectif Liberté Afghanistan

 

 

 

Le temps des émotions n’était pas fini : à notre arrivée au Lycée Samaniyan, nous fûmes acclamées par une foule de petits et grands, qui n’avaient tous qu’un souci en tête : nous prouver et nous faire ressentir leur volonté de s’instruire, et de participer à la résistance afghane contre l’obscurantisme taliban.

 

Ils nous accueillirent, avec des chansons, les bras chargés de fleurs, habillés de leurs plus beaux habits : c’était jour de fête au Lycée ! Par groupes successifs, ils montèrent sur l’estrade de la grande salle du Lycée pour nous chanter des chansons à la gloire de l’Afghanistan éternel et impossible à soumettre.

 

Shoukria Haidar, de l’Association NEGAR, remit un chèque et leur fit un discours sur la nécessité de continuer la lutte en étudiant, en continuant à construire des structures sociales, et elle finit debout sur l’estrade les bras levés et les mains jointes sur un bouquet de fleurs en signe de victoire, acclamée par des centaines de petits lycéens et lycéennes !

A cet instant, je me suis sentie très fière de faire partie de son association.

 

Le Lycée Samaniyan compte 700 élèves, et loue les locaux d’une école polytechnique. 42 professeurs y enseignent toutes les matières, y compris la culture physique. L’école est ouverte depuis 4 mois, et manque déjà de place, de manuels scolaires, de matériel pédagogique, de chaises et de tables. Ils ont besoin également d’ordinateurs et de machines à coudre, pour relancer des ateliers de couture qui permettraient d’éviter l’oubli des traditions culturelles afghanes.

 

 

En route pour le collège Aryana dont la réfection des locaux a été financée en partie par l’UNHCR.

35 professeurs et 550 élèves répartis de la 1ère à la 9ème classe. Le bâtiment est prêté gratuitement par le gouvernement tadjik pour 5 ans. La scolarité par élève se monte à 2 dollars par mois, toutefois, 91 élèves ne payent rien compte tenu des faibles ressources de leurs familles.

 

Dans cet établissement également, on fait état de besoins dans tous les domaines. Cet établissement qui débute à peine est particulièrement démuni. Les réfugiés afghans, dès qu’ils ont eu connaissance de l’ouverture de ces établissements scolaires, se sont précipités pour faire inscrire leurs enfants, et la demande est de plus en plus importante.

 

J’ai été impressionnée et émerveillée par l’organisation et l’efficacité de tous ces réfugiés, qui, avec des moyens très réduits, accomplissent des miracles. On assiste à Douchanbe à la naissance d’un mini-état afghan qui donne un aperçu de ce que pourrait être un véritable état afghan, avec des gens éduqués, organisés et conscients de leur responsabilité envers leur peuple. Il ne fait aucun doute que, si ces réfugiés ont l’opportunité de rentrer un jour dans leur pays, ils lui apporteront en plus de leur éducation et de leur savoir-faire, l’essence même qui leur permet de se tenir debout, résistants et dignes.

 

Et comme une récompense suprême, dans la plus pure des traditions afghanes, toute l’équipe a eu droit à un pique-nique organisé par les professeurs du Lycée Samaniyan, au bord d’un torrent impétueux, dont une jeune fille m’a précisé que, si nous avions été en Afghanistan, l’eau du torrent aurait été beaucoup plus bleue… Après un festin de melon et de kebabs, nous nous sommes réunies autour d’un thé vert  et avons eu des conversations typiquement féminines….

 

Shakila, Roya, Mahila, Massouda et les autres nous ont parlé de leurs aspirations de femmes, de mères et de professeurs. La question de leur retour au pays dans un Afghanistan en paix a été évoquée, et toutes étaient d’accord pour rentrer dès que cela serait possible, hormis Roya qui est à Douchanbé depuis seulement 3 mois, qui vient de la vallée de Parwan, et dont les échos de la guerre résonnent encore dans sa tête. Je leur ai appris à compter jusqu’à 10 en français, et elles m’ont appris à compter en persan………. Shakila, toi qui parles anglais bien mieux que moi-même, je t’ai promis de ne pas vous oublier, et je tiendrai ma promesse.

 

Vous tous, Afghans réfugiés à Douchanbé ou en France, résistants vivant en Afghanistan, soyez tous remerciés pour votre accueil si chaleureux et fraternel, et soyez convaincus que nous emploierons toute notre énergie à faire passer votre message au monde entier.

 

 

CLOTURE DES JOURNES DE DOUSHANBE

Par Patricia Lalonde

 

29 JUIN 2000 - 18 h 00

Nous étions toutes éparpillées, les unes au Bazar, les autres encore dans les écoles. En rentrant à l’hôtel, Monsieur Abdul Raschid Aryanfar, l’attaché à l’ambassade d’Afghanistan, qui fut directeur de la télévision  et de la radio de Kaboul, nous informe d’une réunion très importante dans l’immense building en face de l’hôtel.

 

Nous voici montant les escaliers majestueux du « Asia International Peace Keeping Center », nous sommes reçues par une vingtaine de personnalités représentant les ONG et les milieux associatifs.

 

Son Président dirigeait la réunion. Après son discours d’accueil dans lequel il nous a chaleureusement remercié, tout particulièrement Shoukria,Haïdar et « women on the Road on Afghanistan »,  d’avoir organisé cette réunion pour les femmes Afghanes, il nous félicite de son succès et nous demande de  nous présenter les unes après les autres et de dire notre engagement.

 

Chacune d’entre nous a réitéré l’importance que nous accordions à cette charte des droits fondamentaux de la femme Afghane et,toutes, nous avons également remercié les autorités Tadjiks de leur accueil.   

 

Pour ma part, je leur ai expliqué que nous comptions faire du lobbyng auprès des politiques afin qu’ils ouvrent les yeux sur ce qui passe en Afghanistan et comprennent le double jeu du Pakistan qui aide les Talibans, et accepte qu’ils violent les droits les plus élémentaires de l’homme.

 

Les représentants des divers ONG se sont à leur tour présentés :

 

Glosk hachimi  Président «Paix et Asie» a souhaité que l’Asie et l’Europe se rapprochent. Il a rappelé que le Tadjikistan oeuvrait pour la paix en Afghanistan.

 

Ismail Rosi, Afghan,  réfugié politique, a créé la fondation « Paix et Amitié en Afghanistan »

 

La présidente de l’Association culturelle des femmes Tadjiks, membre honoraire du Centre International pour la Paix, a expliqué le rôle des femmes pour rétablir la paix en Afghanistan.

 

Le représentant du gouvernement tadjik pour les ONG, Monsieur  Snobodin nous a expliqué que nous avions beaucoup de choses à supporter sur nos épaules. « Vous êtes des vrais amies. Là où il y a des femmes, la paix peut s’instaurer ». Les femmes du Tadjikistan ont de plus en plus de pouvoir aux gouvernement et au Parlement. Elles tiennent un rôle essentiel dans les entreprises.   Notre président comprend combien les femmes sont importantes. Nous sommes une société démocratique ou la société civile est très vivante.  600 ONG sont présentes au Tadjikistan. Maintenant nous avons la paix au Tadjikistan, demain nous allons franchir une étape supérieure  et amener la paix en Afghanistan. Votre meeting restera historique ».

Nous étions toutes à la fois gênées de tant de compliments et fières de pouvoir un peu contribuer, à notre façon, à un retour de la paix en Afghanistan. Nous ressentions  également beaucoup de respect pour le peuple Tadjik qui résiste aux tentations de déstabilisation par les islamistes intégristes.

 

Le président du «Asia International Peace Keeping Center» a conclu en nous expliquant que ce que nous avions fait serait porté au plus haut niveau, que lundi se tenait une cession sur les droits de l’homme où ils allaient parler de notre réunion sur la charte des femmes Afghanes. Il a proposé à Shoukria Haïdar de devenir secrétaire du Centre International pour la Paix Asie, pour les Afghans, et qu’une membre soit désignée pour représenter l’Occident, ce qui ma été confié.

 

Après les inévitables prises de photos, les unes avec le président, les autres avec le vice-président, les ONG, etc., nous sommes retournées à l’hôtel, sans dîner, avec le sentiment du devoir accompli.

 

 

VENDREDI 30 JUIN – Retour

Par Patricia Lalonde

 

Notre retour fût marqué par une rencontre inattendue.

A l’aéroport de Duchanbe, nous remarquâmes une fort jolie femme blonde, baroudeuse. Elle nous intrigua !

 

Diane Lebow, journaliste - écrivain américaine et Agnès Cazero, sont allées lier connaissance ave elle. 

Nina est journaliste - photographe Suédoise, militante proche du commandant Massoud et connaissant parfaitement la situation en Afghanistan.  Nous avons passé la journée ensemble à Moscou et nous nous sommes promis de retourner ensemble en Afghanistan.

 

Elle nous a expliqué ce dont avaient besoin les femmes afghanes : de l’argent entre autre pour acheter des machines à coudre pour s’occuper et fabriquer de l’artisanat. Elle nous a aussi démontré combien le combat de Massoud contre les Talibans était un vrai combat de résistance et que nous n’étions pas les seules à nous battre.

 

 

 

Compte-rendu à deux mains, des journées de DOUSHANBE

Par Patricia Lalonde, Organisatrice, Association NEGAR

Et   Elizabeth Cazaux, Collectif Liberté Afghanistan


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